Anne Françoise Hivert, journaliste au Monde et auteure de l’article s’est prêtée au jeu des questions des élèves du collège de Gennes. Elle a bien voulu donner quelques éclaircissements sur son article, le sujet et ses conditions de réalisation. Merci à elle !
Voici d’abord une présentation vidéo de son article dans son contexte :
- Est-ce que vous avez été au Groenland Pour faire cet article ? Ou bien le choix a-t-il été fait sur place ?
Non. J’y suis allée pour faire un article sur la réaction des Groenlandais, aux révélations selon lesquelles le président américain voulait « acheter » le Groenland au Danemark. Donald Trump a lui-même confirmé l’information. Le Danemark, bien sûr, a refusé. Du coup, Donald Trump a annulé sa visite officielle à Copenhague.
- Pourquoi écrire un article sur le Groenland à propos du réchauffement climatique ?
Sur place, j’ai rencontré beaucoup de gens. Nous avons parlé, entre autre, du changement climatique. C’est un sujet inévitable dans cette région du monde, où les températures augmentent deux ou trois fois plus vite qu’ailleurs. Le Groenland est d’ailleurs souvent utilisé comme une « vitrine » du réchauffement climatique : les dirigeants du monde entier viennent voir la fonte des glaciers et font des déclarations.
Au-delà de l’impact écologique, le réchauffement climatique a aussi des conséquences géopolitiques : les grandes puissances, comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie s’intéressent de plus en plus à l’Arctique et le Groenland est très bien placé, au milieu de nouvelles routes maritimes qui s’ouvrent, à mesure que la glace recule.
- Quel est votre avis à propos du réchauffement climatique au Groenland ? Sur le développement du Groenland ?
Je n’ai pas d’avis à proprement parlé. Je constate simplement qu’il progresse. Les scientifiques l’observent et les habitants le confirment. Certains Groenlandais y voient des opportunités. Économiques, mais aussi politiques : pour obtenir leur indépendance – ce que souhaitent une partie des Groenlandais – il leur faut des ressources, pour financer les écoles, les hôpitaux, la police … La province doit être capable de compenser les subsides (l’argent) que lui verse le Danemark, chaque année.
Bien sûr, les Groenlandais regrettent le réchauffement climatique. La fonte des glaces complique, et parfois empêche, de pratiquer des activités traditionnelles, comme la pêche et la chasse. Mais certains y voient aussi une opportunité. Comme d’autres régions en développement dans le monde, ces habitants rappellent qu’ils ne sont pas responsables de ces changements et qu’ils les subissent. Alors pourquoi ne pas en profiter ?
- Avez-vous été étonnée par « quelque chose » au cours de votre reportage ?
Par énormément de choses. Le Groenland est une région immense. L’île fait quatre fois la taille de la France. Elle n’est peuplée que de 56 000 habitants. Environ 12 000 personnes vivent à Nuuk la capitale. C’est un village. Il faut 8h d’avion pour y accéder de Copenhague : 4h entre le Danemark et l’Islande, puis 4h de plus entre Reykjavík et Nuuk. Pour se déplacer sur l’île, il faut prendre l’avion ou le bateau. Il n’y a pas de route.
- Avez-vous vu ou entendu parler de manifestations contre les personnes qui veulent exploiter les ressources ? (Où ?)
Oui, il y en a surtout eu à Nuuk. Également au Danemark. Mais les militants écologistes ne sont pas très nombreux.
- Comment ont été choisies les personnes interviewées ?
Je suis partie très vite, donc je n’ai pas eu le temps de prendre beaucoup de rendez-vous. Mais sur place, c’est très facile de rencontrer les gens. Je voulais parler à des élus, des gens ordinaires,un militant écologiste, le chef d’un des projets miniers. J’ai rencontré le chef du syndicat pour l’autre article que j’écrivais. Il m’a conseillé d’aller voir le patron de l’organisation des pêcheurs et des chasseurs. Lui m’a parlé de l’entrepreneur qui a ses bureaux juste en dessous : celui qui veut vendre l’eau des glaciers. J’ai aussi rencontré un peu par hasard ce Canadien qui fait le tour du monde pour essayer de trouver des mines à exploiter …
Le sujet du Concours Carto d’Actualité emmène les élèves de 4ème, 3ème et 2nde qui peuvent participer vers le Grand Nord. C’est sur cette immense île qu’Anne-Françoise Hivert a réalisé un reportage en tant qu’envoyée spéciale du journal Le Monde en septembre 2019. L’actualité de ce territoire était alors brûlante avec la proposition faite par Donald Trump d’acheter ce territoire …
Au delà de cet évènement, les enjeux liés au réchauffement climatique sont importants dans cette région du monde où la population se divise entre ceux qui y voit une opportunité et ceux qui, au contraire, y dénonce une catastrophe à venir.
Les élèves vont devoir traduire cet article en carte en associant les informations transcrites par la journaliste en figurés lisibles par tous. Vaste enjeu ! ceux-ci ne devront pas hésiter à utiliser d’autres informations trouvées ailleurs pour compléter les trouvailles faites dans l’article mais il faudra faire attention à bien rester concentré sur les enjeux qui y sont décrits !
Pour les aider, voici quelques pistes de lecture et de recherche qui pourront être très largement complétées par les conseils donnés par les professeurs …
Un corpus documentaire à retrouver sur l’excellent site https://footballclubgeopolitics.fr/
https://footballclubgeopolitics.fr/2020/02/20/groenland-le-football-comme-outil-vers-lindependance/
Une émission du Dessous des Cartes sur le Groenland d’octobre 2020 :
https://www.arte.tv/fr/videos/091146-012-A/le-dessous-des-cartes/
Quelques articles de la presse nationale :